merci updating boy pour ton témoignage ; ça m'inspire une (longue) remarque sur un truc dont je voulais parler ; c'est l'occasion :
Citation
Depuis la loi de 2005 dite "handicap" obligeant tout établissement public ou privée de plus de vingts salariés à embaucher 6% de travailleurs handicapés à aujourd'hui, du chemin a été fait.
je travaille dans une collectivité territoriale. Il y a quelques mois, l'ensemble du personnel* a été invité à suivre une demie journée de sensibilisation au handicap.
en gros : quatre "artistes professionnels"*** nous ont présenté des saynètes sur le thème : un service administratif apprend qu'il va devoir intégrer un handicapé = un florilège des réactions basiques (genre = mais avec son fauteuil, il va pas passer dans le couloir....) qui correspond bien à l'attitude de mes collègues dans ce genre de cas de figure...
plus quelques courtes explications sur les handicaps, visibles et (très rarement invisibles) ; moment de gène palpable quand ils expliquent que X/pour cent des gens sont atteint de handicap, donc, 2 ou 3 devraient être la salle = mais qui ??
puis un moment de découverte ludique**** : classer des papiers au toucher, identifier des parfums, etc etc, bref, expérimenter les handicaps.
bref, un truc qui m'a paru très bien calibré pour des cm2 (sans méchanceté de ma part) et qui a finalement beaucoup plu à mes collègues ; même si mon compte rendu vous parait assez critique, c'était quand même bien fait : dédramatisant, pas trop lourd, mettant plus l'accent sur les réactions des "bien fichus" que sur la difficulté du handicapé, et donc, incitant les gens a faire un effort pour accueillir plutôt que d'exiger des voisins de bureaux parfaits ; prônant la bienveillance, l'écoute attentive et d'adaptation aux autres (je me suis juste dit "mais si on faisait déjà ça avec les collègues, et pas seulement les étiquetés "handicap", le boulot serait plus facile".)
tout ça pour dire quoi ?
- l'administration fait un effort parce que c'est obligatoire ;
- le niveau de connaissance moyen est très bas (et la formation, bien adaptée, est donc très basse)
- c'est contradictoire avec le fonctionnement de base de la boutique, très hiérarchisée et sans initiative possible, mais ça on en parlera pas ce jour là)
- le handicap invisible, il n'en sera pas question
- autiste ou surdoué, ça doit être vraiment trop subtil ; mais patience : vu le niveau de perception actuel et à ce train là, l'administration fera une journée de sensibilisation dédiée en 2043....
* 3000 personnes tout de même, ce qui veut dire pas mal d'heures de formation
** euphémisme de la novlangue administrative pour dire : présence obligatoire
*** dixit la DRH
**** hé oui, ludique ! jouons avec le handicap !
une note rigolote (?) pour finir : dans la saynete, trois personnages : un ouvrier (blouse bleue), un cadre (blouse blanche), une secrétaire (tailleur).
leur position face au handicap ?
ouvrier : rejet le plus manifeste ("c'est bien joli, mais dans ce boulot, il faut un mec, un vrai")
cadre : sait que ça ne sera pas facile, mais acceptation intellectuelle ("puisque c'est obligatoire, il faudra faire ça...et ça ne serait pas juste et équitable de le refuser....")
secretaire : rejet, puis intérêt féminin : (un handicapé peut être joli garçon + a besoin d'aide
= attitude maternelle + un mec possible !)
pour dire que même dans la lutte contre les stéréotypes, on ne craint pas d'en abuser, et des gros !