Résultats de la recherche (19 résultats)

jvdoubov
30 Juin 2012, 21:44
Bonjour et bravo pour ce témoignage courageux (ce n'est jamais facile de se montrer sous un mauvais jour)
Pour le coup, je trouve que dans ce témoignage précis, vous montrez surtout que les aspies sont des humains comme les autres. Quand ils ont un chagrin d'amour doublé d'une blessure d'amour propre, ils réagissent mal, et ils peuvent se mettre à boire ou faire n'importe quoi, et faire remonter leur douleur jusqu'aux matins du monde...
Ce qui n'enlève rien à l'intérêt de ce que vous nous racontez (au contraire, puisque cela suscite la réflexion), ni à l'émotion que votre texte dégage.
Merci encore
Bien amicalement. Jean
jvdoubov
15 Juin 2012, 19:07
Ben moi je pense que tu es humain, tout simplement.
Si tu es amoureux (ou pré-amoureux), tu as profondément envie d'une relation, et alors le jugement de l'autre a une importance tellement grande que c'est un stress majeur. Et parfois le stress est si important que cela peut paralyser. Et si on est paralysé, alors, à l'état amoureux et à la crainte du jugement (dernier ? j'espère que non) se rajoute la détresse de savoir qu'on ne fait absolument pas ce qu'il faudrait faire pour séduire...
Le coeur bat et la tête tourne...
Un grand merci pour ton témoignage touchant
Amicalement
Jean
jvdoubov
01 Juin 2012, 20:18
Hermès a écrit :
Citation
tout çà, c'est des singeries...nous sommes beaucoup plus que des tortillards.


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Que veux-tu dire, Hermès ?
- le comportement des NT dans ces soirées, c'est des singeries ?
- ce que dit Updating-Boy, c'est des singeries ?
- ce que dit Jvdoubov, c'est des singeries ?
(autre interprétation ?)

et "nous sommes beaucoup plus que des tortillards" ??? pour moi, un tortillard, c'est un petit train sur une ligne sinueuse !
jvdoubov
01 Juin 2012, 9:18
Merci Updating-Boy.
Que te dire ? Moi je suis supposé être NT, et ces soirées, je les ai toujours détestées et fuies. J'étais en médecine, pas en prépa. Mais les apprentis-médecins, ça n'a jamais été ma bande. C'est vrai que moi je n'avais pas de papa-maman médecin, et que je bossais la nuit, et que je venais en vélo (l'assurance et l'essence de la mobylette, c'était trop cher : j'avais renoncé).

Et puis leurs conversations... Je me rappelle un lundi matin par exemple. J'avais passé le W. E. en "garde" en réanimation. Il y avait par exemple un type qui avait eu un accident de moto : le bassin éclaté, le sexe en bouillie. Et un autre qui avait tenté de se suicider au fusil. Et il avait raté : le recul avait lancé sa tête en arrière, alors il n'avait plus de langue, plus de nez, plus d'yeux, mais il allait vivre sana problème. Alors ce lundi matin là, les malades qu'on avait sous les yeux, ça ne les intéressait pas tant que ça, mes petits camarades. Dans les couloirs et dans les box des soins de réanimation, ça papotait sec. Tous les garçons étaient occupés à entourer une très jolie brune ; et toutes les autres filles étaient là à lutter farouchement contre la concurrence à coup de minauderies, de mouvements de cheveux, de décolletés, etc. Sans succès, car la jolie brune avait vécu un drame terrible la veille, ce qui justifiait qu'elle restât au centre de tout le groupe : le mât de son voilier s'était cassé, ce son dimanche en avait été gâché !

Et puis je n'ai jamais été doué avec les filles non plus. C'est pas que j'aurais pas aimé des câlins et du sexe, mais il fallait le payer tellement cher en conversations sans intérêt (et en absence de conversation intéressante), en sorties avec des musiques détestables (ton Bim bam boum), et en "faire-semblant"! Une fois, j'ai dragué une fille comme ça juste pour coucher (??? vu mon incompétence en drague, a posteriori, c'est plus probablement elle qui m'a dragué et moi qui me suis laissé faire). Une après-midi, une soirée et une nuit. Quel ennui ! Sûr que je n'ai pas recommencé...

Alors je me demande, vous les "diagnostiqués aspie", êtes vous si différents ? Parce que moi qui suis classé "normal", je n'ai pas l'impression qu'il y a tant d'écart entre nous. Je sais bien que je suis un peu "différent" parmi les normaux. Mais je reste classé "normal". Alors pourquoi est-ce qu'on vous classe "anormaux" ? Est-ce que ce ne serait pas un progrès de vous classer comme une des variations dans la normalité ?

Amicalement à tous
Jean
jvdoubov
29 Mai 2012, 1:55
Citation de Jérôme
dans mon souvenir (un peu flou, ça remonte à il y a 30 ans et je ne me sentais pas concerné :complice_d_tirelangue_mains: !) la psychiatrie définissait le patient comme quelqu'un qui souffrait ou qui faisait souffrir son entourage...
belle subtilité qui ouvrait la porte à plein de discussions (et de prises en charge plus ou moins justifiées ou abusives.
dans ton exemple, cette dame t'a t-elle dérangé ou fait souffrir ? dans un cas, elle est impolie, dans l'autre, "folle" (je choisis volontairement le mot le plus simpliste)

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Ben elle m'a un peu dérangé, dans la mesure où elle a gêné ma conversation en parlant fort, où elle a ostensiblement écouté ce que je disais au téléphone, où elle commenté mes paroles et mes actes à haute voix, et où ses commentaires étaient parfois désagréables. Mais je ne dirais pas qu'elle m'a fait souffrir. Et le dérangement était en fait minime, si on y réfléchit bien.

Amicalement. Jean
jvdoubov
29 Mai 2012, 1:50
Citation (jvdoubov, Hier, 10:18)
Avez-vous raison de publier ces textes ?


Jean, peux tu préciser ta remarque ? qu'est-ce qui pourrait faire que ces textes ne devraient pas être publié ? la prudence ?

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Ah ! Désolé, mauvaise communication de ma part : c'était une question purement rhétorique. Equivalent de "au cas où quelqu'un se poserait cette question, je pense que (et la suite). Je suis tout à fait convaincu que vous avez raison de publier ces textes.
AMicalement
Jean
jvdoubov
28 Mai 2012, 9:18
Quelle horreur... En lisant votre texte, j'avais l'impression d'y être, là, au milieu de ces gens qui n'ont aucune bienveillance, ou, s'ils en ont, aucune compréhension de ce qui peut se passer en vous, mais de qui votre avenir dépend, et vous qui devez absolument, comme dit le poète "faire un sourire en grinçant des dents". Bon, l'empathie et la compassion, c'est une chose, mais est-ce de cela dont vous avez besoin ? Avez-vous raison de publier ces textes ?

Je vais complètement changer de sujet, mais je ne vais pas le quitter quand même. Il y a deux jours, je prend le train. Un très long trajet (12h30 > 20h30) avec un changement au milieu, à Nantes. Nantes, c'est la ville où ma fille est allé faire des études lorsqu'elle a quitté la maison. Lorsque je m'asseois dans la salle d'attente, une vague de souvenirs et d'émotion monte en moi... Alors je prends mon téléphone et j'appele ma fille. J'avais à peine commencé qu'une jeune femme vient s'asseoir à côté de moi. Et qu'elle commence à me parler fort, alors que j'essaie d'écouter ce que me dit ma Cécile. L'inconnue ne cesse de me parler. Non seulement elle gêne ma conversation, mais encore elle commente à haute voix tout ce que je dis et tout ce que je fais, et l'air que j'ai, et ma tête penchée, etc. Bien sûr je suis irrité. Un instant j'ai envie de lui répondre, de lui dire mon agacement, de hurler parce qu'elle gâche ce petit moment avec ma grande fille lointaine. La conversation téléphonique se termine. Mais pas les commentaires de la dame...
Je me dis que cette femme doit être en phase psychotique. Seule une psychotique peut agir ainsi, ne tenant compte que de son propre monde, et intervenant dans celui des autres sans se rendre compte qu'il doit y avoir une barrière (une psychotique, ou une personne en phase psychotique - peut-être déclenchée par un médicament, une drogue, de l'alcool, un mélange...) Et puis je réfléchis, tout en lui souriant vaguement pendant qu'elle continue son discours, presque sans respirer entre les phrases. Elle n'a pas vraiment l'air de souffrir. Si elle ne souffre pas, doit-on la qualifier de malade ? Est-ce qu'elle n'est pas juste différente ? Combien de gens "juste différents" sont-ils traités par neuroleptiques, ou antidépresseurs, ou autres psychotropes, parce que c'est gênant pour leur entourage, ou pour la société ? Combien d'entre eux se sentent-ils réellement mieux grâce au traitement, et combien sont-ils, au contraire, plus mal à cause des effets indésirables ? Combien souffrent-ils d'être qualifiés de "malades" et "anormaux" ? Est-il si difficile de supporter un psychotique vous parler de vous-même ou vous décrire à haute voix dans une gare ?

J'ai déjà eu ce genre de pensée, bien sûr, mais rarement aussi rapidement et directement en situation. Je pense que c'est grâce à vous, les aspergers, et à vos témoignages sur ce que c'est que d'être différents dans un monde intolérant. Je voulais vous en remercier. Et vous encourager à continuer.
Amicalement
Jean
jvdoubov
22 Mai 2012, 23:52
J'oubliais, pour les anglophones intéressés, un très grand bouquin d'anthropologie médicale (+/- étude des croyances concernant la santé et la maladie, et la manière dont elles interagissent avec la santé, la maladie et le comportement social - définition grossière, mais ça ira pour cette nuit !)
Helmann CG "Culture, Health and Illness" 5e éd. Hodder Arnold, Londres, 2007 : 501 pages.
42,21 euros sur l'Appel du Livre (ou les autres) - un peu moins cher d'occasion, si on est patient, sur Abebooks (mon préféré parce que c'est un réseau de libraires "normaux") ou Ebay ou PriceMinister
AMicalement
Jean
jvdoubov
22 Mai 2012, 23:29
Ah Pierre ! Cette méta-étude sur le cholestérol m'intéresse beaucoup. Si tu peux me faire passer la référence, ce serait super sympa. Elle confirmerait mon impression. Maintenant l'interprétation est peut-être complexe. On a 1) des essais qui montrent une diminution de mortalité dans de petites populations ciblées (par exemple les gens qui ont déjà eu un infarctus du myocarde 2) des essais qui montrent une diminution de certaines maladies (dont une proportion variable peut déboucher sur un décès) 3) un élargissement invraisemblable des "seuils de traitement" dans les recommandations (sous l'influence des industriels) 4) une absence quasi totale de politique sanitaire de prévention des maladies cardiovasculaires (par une lutte adaptée contre le tabac, l'alcool, les pollutions diverses...) 5) une augmentation du nombre de maladies cardiaques, à la fois à cause des changements de mode de vie, des pollutions diverses, et du vieillissement de la population (pour faire un raccourci un peu facile, si on meurt moins de maladie infectieuse, on meurt plus tard, et on meurt plus souvent de maladie cardiovasculaire. Au total, je ne suis pas bien certain qu'on dispose des données nécessaires pour modéliser l'ensemble de ces données et en tirer des conclusions solides. Mais c'est très intéressant...

Après, on peut parler pendant des heures des normes en médecine. Parce que ce mot recouvre des choses extrêmement différentes, et pour bien raisonner, on est obligé d'aller rechercher à chaque fois que "quelle norme" ou de "quelle normalité" on parle.
Par exemple, on a la norme statistique : les 2,5 % en bas et en haut sont "anormaux". Mais pas forcément malades, évidemment !
On a la norme épidémiologique : pour un indicateur donné représenté par une variable continue (par exemple la glycémie), on recherche dans quelles populations il apparaît des "complications cliniques" (par exemple des infarctus du myocarde, des insuffisances rénales). Les bornes au-delà desquelles on observe ces complications sont alors les bornes de la normalité. Mais ce n'est pas parce qu'un risque est augmenté qu'une intervention correctrice ou thérapeutique est efficace, bien sûr.
Là, on a la norme thérapeutique, ou seuil d'intervention. C'est la valeur d'un indicateur représenté par une variable continue au-dessus ou au-dessous de laquelle on a statistiquement des chances de rendre service au patient si on lui propose un traitement.
Après on la des normes subjectives. Par exemple, autrefois, le diabète se définissait notamment par le goût sucré de l'urine (beurk !) Les normes subjectives concernent souvent des observations discrètes, non réductibles à des valeurs chiffrées. Par exemple "une pensée paranoïaque" est "anormale".
Ensuite on a des normes purement arbitraires. On est fondé à en utiliser dans un but de recherche, ou pour unifier le langage, lorsqu'on n'a pas mieux sous la main. Par exemple, certaines maladies sont définies par des listes de "critères majeurs" et de "critères mineurs", et il faut 4 critères majeurs (sur 6) plus au moins 2 critères mineurs pour définir la présence de la maladie (donc la situation "anormale")
Et il y a des définitions sociales de la normalité, bien sûr, qui jouent un rôle majeur. Par exemple, lorsque je faisais mes études, on disait que plus de 90% des ados avaient des boutons d'acné - ce qui était donc "normal". D'autant que ce n'est en général pas douloureux ni pénible, et que ça disparaît spontanément sans séquelle (bon, il y a quelques exceptions). A cette époque, se plaindre d'acné bénigne était un signe de fragilité psychologique anormale. De nos jours, je me demande parfois si ne pas s'en plaindre n'est pas souvent considéré comme un signe d'absence anormale de soin pour l'image de soi.
D'autres discussions sur la normalité tiennent aussi aux différences socio-géographiques et culturelles. Ou génétiques. Par exemple, certaines populations du moyen orient ont une pilosité féminine bien plus importante (et plus voyante) que les populations du nord de l'Europe. Si on leur applique les normes sociale européennes, on les définit presque toutes comme anormales, et on leur fait plein de tests inutiles à la recherche de maladies hormonales.
Jusqu'ici, tout serait simple, mais il faut en plus considérer la norme sociale comme variable et fluctuante, et sensible aux influences des industriels. Par exemple, de merveilleux psychiatres (à la solde des industriels, mais chuttt c'est un secret) ont assez récemment défini la timidité (pardon, la "phobie sociale") comme une maladie (alors que c'était une qualité sociale prisée au XIXe siècle), à traiter par médicament. De même, on a récemment inventé une nouvelle "anormalité", le "trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité" (si,si) qui toucherait "1 enfant par classe" (!!!) et imposerait un traitement par anxiolytique-antidépresseur. Un auteur critique commente "autrefois, on les appelait des garçons..."
Bon je m'arrête, parce que vous allez en avoir assez...
Je vous conseille très vivement les livres "Les inventeurs de maladies : Manoeuvres et manipulations de l'industrie pharmaceutique" et "Comment la psychiatrie et l'industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions".
Amicalement à tous (et désolé d'avoir été si bavard)
Jean
jvdoubov
19 Mai 2012, 0:33
A tous mes amis inconnus de Deescaa

Miss Titi a l'air de craindre que le seul intitulé de "commission santé mentale" (une sous-commission de la commission santé des Verts) vous fera sortir les griffes et dégeuler tripes et boyaux.

Ce que je peux comprendre. Vous n'imaginez pas les horreurs que j'ai vues au cours de ma carrière de médecin généraliste au regard décalé (parce que j'ai remarqué que la plupart des confrères n'ont rien vu de ce que j'ai observé) :

- des enfants arrachés sans raison à leurs parents

- des parents qui confient leurs enfants 3 semaines pour une opération et qui retrouvent la garde de leurs enfants 2 ans plus tard

- des adolescents "punis" par des injections de neuroleptiques dans une unité d'hospitalisations "spéciale ados"

- des étrangers protestant pour leurs droits et hospitalisés de force, puis expulsés directement depuis l'hôpital psy où leur avocat n'a pa pu pénétrer

- et ainsi de suite...

Donc tout ce que j'ai entendu sur les psychanalystes qui culpabilisent les parents et font tourner les enfants en rond sans les aider, et même en empêchant toute aide réelle, le "packing" et tout ça, rien ne m'a étonné. Attristé, oui. Indigné, oui. Etonné, non.


Bref, je suis moi-même un membre de la commission santé des verts (mais pas de la sous-commission santé mentale).

Pourquoi on parle de commission "santé" ? Parce qu'on préfère essayer de maintenir ou préserver la santé, plutôt que de se concentrer sur "combattre des maladies".

Je ne veux pas vous mentir : je ne sais rien de la composition de la sous commission sur la santé mentale.

Mais je sais que dans la commission santé, les médecins ne sont pas majoritaires. Je suis persuadé que les psy sont minoritaires dans la commission santé mentale. S'il y en a ! Et s'il y en a, le plus probable, c'est que ce sont des psy tout à fait aussi décalés par rapport aux psys "normaux" que je suis décalé par rapport aux médecins "normaux".


Sinon, la problématique que vous évoquez, c'est une problématique de conflit avec des pratiques haïssables en provenance du système de soins à l'origine prévu pour les maladies psychiatriques (et qu'on ne devrait pas vous appliquer). C'est aussi une problématique de troubles mentaux provoqués par ces pratiques ou provoquées par l'absence de prise en charge adéquate de votre différence (prise en charge qui a sans doute plus à voir avec la fourniture de matériel ORL, des apprentissages, et une meilleure tolérance sociale qu'avec des soins psychiatriques dont vous n'avez aucun besoin).

Si vous évoquez cette problématique, alors je crois bien que la sous commission santé mentale est la plus adéquate. Parce qu'elle a déjà entendu parler de la maltraitance dans les hôpitaux et milieu psy, figurez vous !

Je comprends bien que vous réagissiez comme des chats écorchés. Mais ne jugez pas d'avance les membres de cette commission.

Bien amicalement
Jean.
jvdoubov
18 Mai 2012, 19:48
Encore merci pour ce témoignage.
Il montre, à mon avis, à quel point il est nécessaire de former les NT (dont je fais partie) aux "différences", qui sont nombreuses et ne concernent certes pas que les aspies, mais qui concernent aussi les aspies.
Bon, quelques heures à l'école du collège à la terminale, ça peut aider un peu, mais ça n'empêchera pas non plus les cons d'être cons...
Amicalement
Jean
jvdoubov
11 Mai 2012, 22:50
Tu n'es pas un reflet.
Tu es une humaine.
Les humains sont tous différents les uns des autres.
La différence est une richesse, pas une pauvreté.
Notre société est très con...
Je ressent plutôt de la colère en lisant ta tristesse...
Et en même temps, je me dis qu'il est urgent que ce genre de témoignage soit lu et pris en compte.
Amicalement
Jean
jvdoubov
04 Mai 2012, 12:43
Bonjour !
Merci pour ce témoignage, sa clarté, sa simplicité, son humanité, quoi.
C'est difficile d'imaginer comment ce doit être, de vivre ça. Moi je vis le plus souvent l'exact contraire : concentré sur mon monde intérieur, ou mes projets, ou une discussion imaginaire avec laquelle je prépare une rencontre, ou de la musique, ou une réflexion sur une lecture récente, etc. je vois très peu de choses, j'entends très peu de choses. Ou c'est au contraire que j'ai décidé, à ce moment là, de me déclarer "présent à ce qui m'entoure" et dans ce cas je peux voir et ressentir plein de choses, mais uniquement si je le décide, et (je pense) en choisissant à quoi je suis perméable.
Dans ton cas, tu dois parfois te sentir noyée sous les informations entrantes et ça doit être très fatigant.

ça me fait penser à un paradoxe qu'avait exprimé un des mes professeurs de médecine préférés (le seul, de tous ceux que j'ai eu, que j'aurais pu appeler "maître", si justement il n'avait pas fait partie de la petite minorité qui ne supportait pas qu'on l'appelle ainsi) : Paul Montastruc. Je l'ai entendu dire un jour "la fonction la plus importante du cerveau, ce n'est pas la mémoire, c'est l'oubli". Naturellement, je ne suis pas certain qu'il prenait sa propre phrase au pied de la lettre. Mais il voulait susciter la réflexion, et il y réussissait fort bien.

Voilà
merci encore
Bien amicalement
Jean
jvdoubov
01 Mai 2012, 22:18
Bonjour
et un grand merci à Suki pour son témoignage.
C'est sans doute difficile de parler ainsi. Déjà, d'oser prendre la parole.
Mais il faut te dire, ce que tu écris est très fort et très touchant (je sais, c'est un peu gonflé d'oser le tutoiement alors qu'on ne se connaît pas, mais le texte a mis une telle proximité que j'ai du mal à vouvoyer...)
En tant que médecin, je ne peux que me sentir furieux de voir à quel point ma corporation est souvent toxique et dangereuse.
Et moi-même, est-ce que je ne l'ai pas été aussi, parfois ?
Et comment faut-il être/agir pour éviter de l'être ?
Bref, un grand moment d'émotion et de réflexion.
Merci aussi (accessoirement) pour la précision et la qualité littéraire du texte.
Bien cordialement
Jean
jvdoubov
27 Avril 2012, 19:32
Quelques réactions après une lecture rapide de « Beaulne »
(ça ne vaut que ce que ça vaut, hein - je ne prétend pas avoir raison !)

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Texte Beaulne :
Le premier courant regroupe un ensemble de chercheurs qui considèrent que
l’autisme est probablement le résultat d’anomalies
structurales importantes (...)
Le second courant pose l’hypothèse que l’autisme résulte
davantage d’anomalies fonctionnelles que
d’ano ma lies structurales (...)

Jvdoubov : Ces deux courants sont sans doute des sous-ensembles des deux grands courants de la neurologie centrale. Il y a le courant « localisationniste » qui insiste sur la localisation des fonctions et cherche à trouver « où se trouvent les centres qui régissent quoi ».
Et il y a le courant « distributionniste » qui insiste sur l’idée que la plupart des fonctions ne sont pas localisées, mais dépendent de la coopération de zones multiples (et parfois variables) du système nerveux central. Le premier courant est historiquement dominant, mais les recherches récentes font monter en puissance le second courant…

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Texte Beaulne :
Plusieurs études fonctionnelles mettent en
évidence des problèmes d’alimentation sanguine dans certaines aires postérieures.
À titre d’exemple, Boddaert et al., (2002)
ont mesuré, à l’aide de la tomographie par
émission de positons (TEP), le débit sanguin
cérébral chez 21 enfants avec autisme de 6 à
13 ans. L’analyse de leurs données a révélé
la présence d’une hypoperfusion temporale
bilatérale significative localisée au niveau du
gyrus temporal supérieur et du sillon temporal supérieur.

Jvdoubov : Une telle constatation fait penser à un trouble de la fonction de cette zone. On pourrait croire que la baisse du débit sanguin local est la cause de la mort de certains neurones et donc du trouble fonctionnel. Le même raisonnement a été fait, il y a des années, dans le cas de certains troubles du vieillissement cérébral s’accompagnant d’une diminution du flux sanguin dans certaines zones cérébrales. Mais les traitements « vasodilatateurs » (préventifs ou curatifs) se sont montrés inefficaces. Après des années, on est venu à penser que probablement, c’est le mécanisme inverse qui se produit : lorsqu’une zone est lésée et que le nombre de neurones fonctionnels a diminué, un phénomène de régulation réduit l’apport sanguin dans cette zone… Cependant il existe aussi des cas où un caillot sanguin (par exemple) provoque la mort de certains neurones, et donc une lésion. C'est le mécanisme des accidents vasculaires cérébraux (notamment la célèbre aphasie de Broca). J'imagine que les neurologues ne sont pas tous d'accord dans le cas des lésions de l'autisme.

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Texte Beaulne :
les diverses recherches présentées
dans cet article illustrent de manière indéniable
le lien qui existe entre les dysfonctionnements
structuro-fonctionnels (Luria, 1973, 1978) et les
comportements atypiques associés à l’autisme.

Jvdoubov : C’est vraiment un élément majeur contre les hypothèses purement psychologisantes, et notamment psychanalytiques …

Amicalement à vous tous qui m'avez accueilli.

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