Version haut débit de: Forum du réseau DÉesCAa
Aide - Rechercher - Membres

Législatives 2012 : Parti Socialiste

Miss Titi (31 Mai 2012, 16:40)
L'équipe du site rappelle nos questions :

Citation (Réseau des Diplômés ou Étudiants de l'Enseignement Supérieur et Cadres Aspergers ou Autistes)
Question 1 : que pensez vous faire pour dé-psychiatriser l'image l'autisme en France ? Ceci afin que l'autisme soit enfin considéré pour ce qu'il est, à savoir un trouble neurologique, empêchant de saisir les expressions des visages, tons de voix et postures corporelles. Et non pas comme une « psychose » ou « une déficience intellectuelle » ou encore une « maladie psychique »...

Question 2 : que pensez vous de l'application de la loi du 5 juillet 2011 aux autistes ? Et comment, pensez vous l'aménager, afin que les autistes adultes puissent « s'outer » sans crainte d'internement arbitraires pour cause d'autisme ? (par exemple, pour exercer leurs droits politiques et associatifs en s'affirmant autistes sans crainte)

Question 3 : que pensez vous faire pour garantir aux autistes une vie de famille normale, sans risque d'internement des parents et de placement des enfants pour cause d'autisme ? L'autisme étant génétique, de nombreux autistes adultes sont aussi parents d'enfants autistes.

Question 4 : que pensez vous faire pour lutter contre les rédactions d'annonces d'emploi qui interdisent aux autistes « de fait » de présenter leurs candidatures ? Notamment les mentions « excellent relationnel » ou « appréciant le travail en équipe » qui disqualifient les autistes, y compris pour les postes non commerciaux ou non relationnels et cela quel que soit leurs niveaux de compétence professionnelle.

Question 5 : que pensez vous faire pour lutter contre l'autisme-phobie qui consiste à utiliser le nom de notre handicap perceptif comme insulte portant sur les compétences intellectuelles et-ou la volonté de dialogue des personnes et-ou la capacité à ressentir des sentiments ?

Question 6 : que pensez vous faire pour former les professionnels sociaux et de l'emploi aux réalités de l'autisme afin de leur éviter de nous envoyer vers des carrières commerciales, de contact client, d'équipe ou tenter de nous guérir par la pratique alors que ce n'est pas leur métier (c'est celui des orthophonistes).

Question 7 : comment pensez vous organiser le dépistage de l'autisme chez les adultes ?

Questions 8 : comment pensez vous permettre aux adultes autistes d'accéder aux soins d'orthophonie qui leur sont nécessaires, ainsi qu'aux aides techniques et humaines pour compenser leur handicap ?

Question 9 : comment pensez vous rendre les services publics, les administrations, les soins médicaux, l'accès au droit, etc, accessibles aux personnes autistes en tant qu'usagers ? En effet, en raison des brimades et rebuffades, ainsi que les nombreuses maltraitances psychiques et physiques subies depuis l'enfance en raison de leur autisme, les personnes autistes ont pour beaucoup développé des phobies sociales et sont en grand nombre dans l'impossibilité d'accéder à ces services car ne pouvant pas contacter les gens par téléphone ni se rendre à un guichet.

Question 10 : comment comptez vous organiser les soins du stress post-traumatique dont souffrent une majorité d'autistes adultes en raison des méthodologies de soin et éducatives majoritairement subis au cours de leur vie en France ?

Question 11 : comment comptez vous organisez les services d'aides aux autistes adultes sans pour autant les subordonner systématiquement à une tutelle ou une curatelle ? Cette subordination étant à l'origine du refus de nombre d'autistes d'y recourir alors qu'ils en ont techniquement le besoin tout en étant capables de décider de leurs vies et de leurs choix personnels.

Question 12 : comment comptez vous organiser la représentation des autistes adultes auprès des pouvoirs publics ? Sachant qu'en raison des préjugés, discriminations, de la législation (loi du 5 juillet 2011) et des habitudes professionnelles des métiers de la psychiatrie et sociaux, beaucoup craignent pour eux même et leurs familles d'être publiquement connus comme autistes...


Notre questionnaire a été envoyé directement aux politiques suivant(e) dans l'espoir, non seulement qu'ils répondraient, mais aussi qu'ils transmettraient à leur parti...

Alain VIDALIES
Albert FACON
Annick LE LOCH
Françoise IMBERT
Geneviève GAILLARD
Gwendal ROUILLARD
Jacqueline MAQUET
Jean LAUNAY
Jean-Jacques URVOAS
Jean-Luc PÉRAT
Jean-Pierre DUPONT
Jean-Pierre KUCHEIDA
Jérôme LAMBERT
Laurence DUMONT
Henri NAYROU
Marie-Line REYNAUD
Marie-Noëlle BATTISTEL
Marie-Renée OGET
Martine LIGNIÈRES-CASSOU
Martine PINVILLE
Pascal TERRASSE
Patricia ADAM
Philippe TOURTELIER
Miss Titi (31 Mai 2012, 16:42)
Réponses individuelles :

Citation (Marie Renée OGET le 31 mai 2012 à 16:59)
Bonjour,


Vous m’avez sollicité pour répondre au questionnaire au sujet des autistes adultes. Je vous en remercie.



Bien que ne me représentant pas aux élections législatives de juin prochain, je vous donne mon sentiment sur le sujet. Au cours de la dernière législature comme vous le savez, je participais au groupe « autisme ».



Pour ma part je n’ai pas considéré l’autisme comme une psychose mais comme un trouble dans la relation à autrui. Trop souvent la réponse apportée a été l’enfermement psychiatrique quand ce trouble non ou mal pris en charge devenait insupportable pour la personne et son entourage.

Désormais et de manière récente, l’accès à des méthodes éducatives et comportementales accompagnent au mieux les enfants et les adultes.



La loi du 5 juillet 2011 trop récente pour vérifier la pertinence de son application, devrait éviter les internements arbitraires, les personnes étant entendues par le juge.



Comme tout citoyen l’autiste ne doit pas souffrir de discrimination dans sa vie professionnelle, ni dans sa vie courante. Toute forme discriminante doit être condamnée.



A cet effet il reste indispensable que tout intervenant recevant du public doit être sensibilisé aux difficultés des personnes. De même, l’aide à l’adulte autiste doit se mettre en place en fonction du besoin et sur l’élaboration du projet de vie. Des solutions innovantes doivent voir le jour allant d’un accompagnement individuel personnalisé à un hébergement en lieu de vie ou une aide ponctuelle.



Vous posez la question du dépistage de l’autisme chez l’adulte, pour ma part je pense qu’il faut le préconiser de façon précoce et cela dés la petite enfance quand les premiers troubles apparaissent.



En conclusion, la prise en charge de l’autisme doit se faire en lien avec les nouvelles méthodes d’accompagnement prenant en compte le projet personnel.



En espérant avoir répondu à vos questions,



Cordialement

Marie Renée OGET, députée des Côtes d'Armor



Citation (Annick LE LOCH, reçu le 8 juin à 16h40)
Le 7 juin 2012

Vous m'avez interpeliée sur la situation des autistes adultes. Je vous en remercie et souhaite
vous répondre.

Vice-présidente du groupe d'études sur l'autisme à l'Assemblée nationale, je suis très sensible
et attentive à la place des enfants et adultes autistes dans notre société et aux méthodes susceptibles
de les accompagner de la manière la plus appropriée.

J’estime que le fait d'avoir assimilé pendant trop longtemps (et cela persiste encore
aujourdhui...) l'autisme à une psychose, a été très néfaste car une mauvaise appréciation des troubles
constatés implique forcément de graves erreurs dans les soins prodigués. Il me semble plutôt que les
nouvelles méthodes expérimentées font parfois la preuve de leur pertinence.

En ce qui concerne la loi du 5 juillet 2011 relative aux soins psychiatriques sans consentement,
lorsque celle-ci a été discutée à l'Assemblée nationale, j‘ai voté contre car elle ne répondait pas aux
enjeux auxquels la psychiatrie est confrontée aujourd'hui. Cependant, il semble qu’elle apporte
certaines garanties pour éviter les internements arbitraires. La loi étant très récente, il nous faudra
davantage de recul pour analyser véritablement la façon dont elle est appliquée.

La perception de l'autisme dans la population évolue, mais trop doucement. J'espère que le
fait que l‘autisme ait été déclaré grande cause nationale 2012 contribuera à ces évolutions. Par ailleurs,
les moyens financiers mis en œuvre sont déterminants et devraient selon moi être accrus. Bien
évidemment, les discriminations auxquelles sont exposés les autistes, comme toutes les autres
personnes, doivent être condamnées.

La sensibilisation à l'autisme des professionnels sociaux et de l'emploi est essentielle car elle
permettrait que des solutions adaptées soient proposées aux autistes adultes. Pour cela, différentes
possibilités peuvent être envisagées comme des modules de formation de ces professionnels ou des
accompagnements spécifiques à destination des personnes présentant des troubles autistiques.

Nous savons qu'il est souhaitable que le diagnostic puisse être fait le plus tôt possible dans la
vie d'un autiste afin que l'accompagnement adéquat puisse être choisi. Cependant, nombre d'autistes
parviennent à l'âge adulte sans que le dépistage ait été fait et rencontrent alors de grandes difficultés.
Il me semble qu'un meilleur dépistage de l'adulte autiste passera par les spécialistes de santé et encore
une fois, par la sensibilisation de ceux-ci à la problématique.

Les progrès à faire dans la prise en charge et l'accompagnement des autistes enfants et
adultes sont encore très grands. Pour avancer, il faudra des moyens, le développement des méthodes
efficaces et une volonte' réelle de communiquer davantage sur le sujet afin de sensibiliser la
population.

Espérant vous avoir éciairé(e) sur mes positions, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en
ma parfaite considération.


Bien sincèrement.

Annick LE LOCH
candidate socialiste - 7ème circonscription du Finistère
Miss Titi (01 Juin 2012, 16:39)
La réponse de Madame OGET est à cet instant la plus construite de celles que nous avons reçues...

Malheureusement, je trouve qu'elle se centre encore trop sur les enfants en négligeant le "stock" d'adultes alors que nous sommes quand même 80% des autistes et concernés non seulement personnellement mais aussi par nos enfants lorsque nous sommes parents...

C'est un bon début, par contre, cette Dame ne se représentant pas, ça limité la portée de son positionnement...
Capabronstal (01 Juin 2012, 17:53)
oui.en fait madame OGET semble tout simplement renseignée sur la nature des problèmes avec cependant la limite que tu mentionnes pour les adultes.Un adulte qui compense bien c est invisible donc inexistant. Je ne dis pas que c est bien mais c est une constatation...
Miss Titi (01 Juin 2012, 20:32)
Sur la nature de ce qui gène les NT chez nous oui... Sur la nature technique, pas trop quand même... :complice_c_tirelangue:

Par contre, je ne dirais pas qu'on compense bien, mais plutôt suffisamment pour ne pas se retrouver enfermés par les NT qui nous veulent du bien... :complice_b_levesourcil:

Si nous compensions bien, nous n'aurions pas autant de soucis d'intégration sociales et professionnelle... Et les jeunes ne parleraient pas de fuir la France dans l'espoir d'avoir une chance ailleurs de ne pas être contraints de vivre dans le système IME - ESAT - HP qui est en train de se mettre en place pour nous "accueillir"... Nous et nos enfants lorsque nous en avons... :tapetetecontremur:

Si tout était simple comme un peu de compensation étant jeune et rien après, alors je ne serais pas en train d'étudier le home schooling comme option sérieuse pour vivre clandestinement en évitant les diagnostics conduisant systématiquement à l'exclusion scolaire et sociale de toute la famille... Afin que les enfants puissent avoir notre chance d'adultes autiste compensant "suffisamment" pour échapper aux discriminations par les NT : celle de suivre une scolarité "normale" en terme de résultats académiques et surtout de diplômes... Premières bases de la vie en milieu ordinaire...

Personnellement, j'estime ne pas bien compenser, avoir encore besoin d'orthophonie, d'aides techniques, d'aménagements, etc. Pour autant, je ne pense pas être un légume à stocker dans le système IME - ESAT. J'ai des diplômes, des compétences professionnelles, une personnalité : j'aimerais que la société ne les annule pas sous prétexte de mon autisme. : argent_b_facture:
Miss Titi (08 Juin 2012, 16:33)
Nouveau jour, nouveau message... ;)

La réponse de Madame LE LOCH est celle qui me plait le plus (pour le moment), même si elle n'est pas "point par point"... En tous les cas, je suis contente qu'on parles de former les professionnels sensés nous suivre.