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Sorties et sentiment de nostalgie...

Suki (10 Mai 2012, 16:42)
Il y a une forme de convention démonstrative dans cette société, celle de se sentir bien au milieu des autres, bien dans son groupe, bien dans sa communauté.

Souvent des signes exterieurs sont bienvenus, et on reconnait la place de chacun grace a ses signes... Mais je ne ressens pas les choses de la même façon.

Voici comment, par exemple, je peux me sentir lorsque je sors, avec ou sans mon homme (aspi...), et ce qui traverse mon esprit dans ces moments que pourtant j'apprecie mais qui me laissent parfois un sentiment douloureux, celui que ma différence transparaît.

Bonne lecture : http://www.martinwinckler.com/article.php3?id_article=1093
adisservol98 (11 Mai 2012, 6:25)
Bonjour Suki

Je viens de lire le nouvel article que tu as mis en ligne.

Il y a pour moi quelque chose de très frappant : ta question : "suis-je quelqu'un de bien?"
Le fait que tu te poses cette question me fait bondir .
Le fait que tu sois différente des autres n'est pas un mal, bien au contraire .
Tu es différente, ce n'est ni bien ni mal, c'est. Point.
Comme disait à juste titre Nietzsche ( désolé pour cet assaut "pédant") " Par delà le bien et le mal".

Aujourd'hui je m'aperçois que beaucoup de personnes sont mal dans leur peau parce qu'elles ne correspondent pas à la norme en vigueur.
C'est bien là le problème : la norme .
Tout ce qui est dans la norme, est bien , tout ce qui est en dehors de la norme est mal.
Mais où a-t-on vu écrit cela ?
Il est vrai que la société actuelle, par tous les moyens dont elle dispose ( publicité, articles, interview d'expert etc) normalise

A propos de ces normes sociétales, il faut remarquer si on prend un peu de recul, qu'elles évoluent en fonction des époques ou du temps.
Ainsi, au 18ème siècle la norme pour une femme c'était les rondeurs . Qu'en est-il aujourd'hui ? L'inverse.
Les normes sont aussi fixées en fonction de ce que l'on cherche à obtenir.
Ainsi dans mon domaine professionnel, les normes de dosage du "mauvais cholestérol" sont passées en quelques années de 2.2g/l à aujourd'hui 0.7g/l . Pourquoi ? Parce que tout simplement aujourd'hui nous disposons de médicaments capable de faire baisser ce fameux cholestérol au niveau de la nouvelle norme . Ce n'était pas le cas auparavant. Est-ce mieux ? Cela m'étonnerait, mais en tout cas cela rapporte beaucoup d'argent à certain.

Pour revenir, à cette norme : il n'y a pas une bonne et une mauvaise façon d'être par rapport à la norme.

Tu manques de "ces filtres" que la majorité possèdent.
Ce n'est ni bien ni mal, c'est.
Personne ne doit pas s'interroger et se comparer aux autres.
Chacun doit s'interroger sur ce qu'il est vraiment, sur ce que sont ses propres valeurs .
Dans chaque comparaison, la plupart du temps on ne voit que les " + " des autres et les "-" de soit même.

On ne doit pas fonctionner comme cela si l'on aspire "au bonheur" ou du moins à la sérénité.

"Devient ce que tu es" disait ce même philosophe reprenant un plus ancien .Il ne faut pas chercher à être autre chose que soi même.
C'est cela le "secret" et le chemin à suivre .
C'est ce que je pense, mais peut être je me trompe.
En tout cas cela m'aide de le croire et d'essayer de l'appliquer au jour le jour ( mais ce n'est pas facile)

Amicalement
Miss Titi (11 Mai 2012, 9:23)
Je pense qu'un des énormes souci des aspies c'est effectivement le jugement moralisant sur la différence...

Nous ne reconnaissons que difficilement les visages ? Alors c'est parce que les autres ne nous intéressent pas et non parce qu'ils sont noyés dans la masse des détails...

Nous n'avons pas dit les bons mots attendus par une personne qui vient de rompre son couple ? C'est que nous manquons d'empathie voire sommes totalement egocentriques et pas que nous n'étions pas au courant...

Il nous est difficile d'apprécier les circonstances où tous le monde parle en même temps? C'est que nous sommes des rabat-joie ou des psycho-rigides, pas que les voix se mélangent en une soupe aux éléments indistincts les uns des autres...

etc. :(
Updating-Boy (11 Mai 2012, 10:00)
Citation
Je pense qu'un des énormes souci des aspies c'est effectivement le jugement moralisant sur la différence...

Nous ne reconnaissons que difficilement les visages ? Alors c'est parce que les autres ne nous intéressent pas et non parce qu'ils sont noyés dans la masse des détails...

Nous n'avons pas dit les bons mots attendus par une personne qui vient de rompre son couple ? C'est que nous manquons d'empathie voire sommes totalement egocentriques et pas que nous n'étions pas au courant...

Il nous est difficile d'apprécier les circonstances où tous le monde parle en même temps? C'est que nous sommes des rabat-joie ou des psycho-rigides, pas que les voix se mélangent en une soupe aux éléments indistincts les uns des autres...


Je suis en colère quand je dit ça. Cette forme de "on dit" m'énervent. Et les gens y croient, même quand on leur met le nez dedans, qu'on les pousse dans leur contradictions.

Si tu me le permet je peux préparer quelque chose...
Suki (11 Mai 2012, 11:45)
merci de vos reponses.
je suis ds une petite phase de moral très bof (surtout a cause du travail, ou plutot du non travail..) ...j'espère que cela va vite remonter...mais en attendant je vous lis avec attention!. :nature_a_fleur:

en effet ce petit article je l'avais ecris il y a un moment déjà mais plus que jamais il est d'actualité pour moi.
(et c'est aussi enormement au travers de sons tatut social de "salarié" qu'on est reconnu...)
moi je sais que je fais des tas de choses hors travail, bien sur, mais ca ne se voit pas...malgré tout, je garde espoir de retrouver quelque chose qui me permette justement, comme tu le dis adisservol, de rester moi meme au sein de ce poste, et etre acceptée telle que je suis.Ne pas tricher pour etre acceptée.
ca serait l"'idéal"...

(mon derneir poste, a responsabilité, m'ayant entrainé a "jouer un role" de plus en plus impossible et poussé a l'éreintement (physique et psycholgique)....et au licenciement...je ne le ferai plus.)
Miss Titi (11 Mai 2012, 15:12)
Je pense que tu pourrais parler avec nous de tes projets et interrogations professionnels là : La vie professionnelle et les études DÉesCAa

Tu aurais certainement des suggestions plus faisables qu'en demandant aux NT.

Par ailleurs, ton prochain texte "dans le tuyau" est sur la journée de travail... Si tu en as d'autres sur ce sujet hyper important pour nous tous, tu peux les envoyer là où tu sais pour qu'on gère tout ça... ;)

Bonne journée... :salutation_a_rameaufleur:
jvdoubov (11 Mai 2012, 23:50)
Tu n'es pas un reflet.
Tu es une humaine.
Les humains sont tous différents les uns des autres.
La différence est une richesse, pas une pauvreté.
Notre société est très con...
Je ressent plutôt de la colère en lisant ta tristesse...
Et en même temps, je me dis qu'il est urgent que ce genre de témoignage soit lu et pris en compte.
Amicalement
Jean
Updating-Boy (12 Mai 2012, 8:35)
Selon les situations, je suis capable de me socialiser spontanément et que ca marche. J'ai trouvé un truc qu'unteresse l'autre ou l'autre m'aborde, je lui répond calmement et en étant dynamique. Là,ce que dit suki,ca m'affecte pas du tout. J'arrive à jouer le bon personnage.

Et d'autres moments je ne suis pas en état de me socialiser.Pourtant dans ces périodes, je suis parfois obliger d'aller vers l'autre. Je ne peux pas dire non. Et là bah je joue plus je montre aux autres mon refus de communiquer avec eux.Parfois c'est accepté,parfois les autres sont déçus et attendaient de moi quelque chose. C'est là que je vois tout l'hypocrisie et le cynisme moderne.
Suki (12 Mai 2012, 12:37)
erci jvdoubof...ben moi j'aimerai justement que ce type de témoignage serve a ca. :nature_a_fleur: mais je ne suisnpas sure qu'on soit très lus, très "representés", très entendus aussi.
alors cette année " 2012"...c'est pour ça que j'ai fais ces "textes"...en qulque sorte.


updating boy, je comprends assez ce que tu dis la, il ya des sortes de"phases" chez moi; je le appelle mes phase "autistiques +"..
parfois je peux "ete a peu pres bien" au millieu de tous, (je me susi même fais illusion a moi même faut le faire..quand je travaillais a la CAF..bon ca a couté cher.) parfois j'ai du mal, vraiment, à sortir de ma bulle transparente et ca se voit.
adisservol98 (15 Mai 2012, 0:19)
Pour compléter concernant la norme :

http://www.lemonde.fr/vous/art...00385_3238.html

L'importance d'être soi-même dans une société normalisante
Suki (15 Mai 2012, 7:25)
oui j'ai lu cet article ( bon on l'a eu via les reseaux anpeip et Mensa par ex..)
il est pas trop mal oui..
Mais je regrette un peu qu'on soit passé d'une ère ou le surdon etait synonyme de "réussite" (il y a 30 ans) et ou on en parlait jamais, a une ère ou le surdon est un sorte de malediction de malheur prédit...y'a sans doute un juste milieu..non? :manger_a_lechelevres:

en me trouvant parfois entre 2 mondes, celui des surdoués et celui de aspies, il m'arrive de ne pas trouver ma place exacte, mais en ayant testé les surdoués NT j'ai eu des difficultés aussi. (pourtant je susi a mensa..) je me retrouve plus chez les aspies.......(surdoués ou non pas la question.) mais le surdon est une partie fondamentale de ma personalité" même si j'y ai mis bcp de recul depuis des années.
mes enfanst etant concernés aussi je dois m'y interessé mais ca reste du fonctionnel. (l'un de mes enfants est en classe ds un dispo experimental, pour "surdoués", donc on en parle un peu de base mais c'est tout.)
et surtou ds mon benevolat ds une asso de parents d'eip, j'aide certaisn a rendre le recul necessaire, parce que des deviances arivent vite avec ce type de notion, surtout...chez les NT peu concernés.
adisservol98 (15 Mai 2012, 7:38)
C'est clair que beaucoup de NT ont des œillères, d'où la difficulté de communication.
Même entre NT.

Pour moi cet article montre bien la difficulté d'être "différent".
Or c'est bien ce que tu es : différente des NT comme tu l'explique dans tes textes
Leucha (15 Mai 2012, 10:50)
Excuse moi mais j'ai du mal à comprendre à quelle sorte de nostalgie tu te réfères ?

J'ai souvent ce sentiment d'être "trop conscient" des réalités du monde, et je trouve aussi l'alcool peut être une façon simple d'aider à s'empêcher de s'en soucier.
Plutôt que de te concentrer sur "comment ressembler aux autres", mon conseil serait de t'entraîner à "ne rien avoir à en faire".

Pour rebondir là dessus, une citation d'un auteur non Aspi mais très au fait (et pas très loin de la limite Aspie).
"Being knurd is to be (un)intoxicated with (...) Coffee to such an extent that all such comfort stories are stripped away from the mind.
This makes you see the world in a way 'nobody ever should', in all its harsh reality.

Pour les anglophobes, le mot français est "ervi".

Sinon, pour rebondir sur "l'importance de la normalité" dans la société, n'y aurait dans les média (serie TV, film, livres) parmi les "héros" ou équivalents des personnages atypiques, à la limite de la normalité (plutôt bien au dela de la limite), surtout dans les média d'origine anglaises (pour des raisons que T. Attwood explique comme une sorte de tolérance innée du Royaume Uni confirmée pendant des siècles d'hégémonie):
- Sherlock Holmes (série de la BBC)
- Luna Lovegood (Harry Potter, j'ai honte de connaître).

Ne donnes pas plus d'importance à ces "canons" de la normalité que les neurotypiques.
Suki (15 Mai 2012, 12:34)
Leucha, il est comprehensible que tu ne ressentes pas la meme chose du tout, ces mots sont des mots que j'ai choisi de poser sur un sujet precis a ce moment...mais refletant ma vie personelle. :complice_a_cliendoeil:
et oui, longtemps j'ai eu cete nostalgie de ne pas etre aussi "a l'aise" que les autres, et il peut m'arrivr encore de l'avoir, mais aujourdnh'ui je le vis mieux.
(et peut etre est ce cette "trop conscience" qui me rend triste ausssi..)

oui je devrais "assumer pleinement" sans doute. quelque chose fait que cette petite pointe de nostalgie ressurgit et ca je ne peux pas l'expliquer.Ça vient de mon vécu prorpre..(j'ai quand meme eu de sales périodes.).je ne vais pas contre non plus, je la laisse alle et venir.

par contre pour l'acceptation de ma particularité ca vient de mieux en mieux mais je ne sais que depuis peu de temps, sur "l'echelle" de ma vie (38 ans), c'est peu et il me faut le temps de tout remettre en place quand meme.

je n'ai plus aucune envie de ressembler aux autres, du tout. ca ca fait un moment que 'jai compris que je ne pourrai pas au prix de ma santé. c'est autre chose le sentiment de nostalgie...je n'y peux rien.
mais je susi contente d'etre moi malgré totu, et je sasi qui je suis aujourdh'ui et je tente de faire de mes "trucs spéciaux" des atouts positifs comme disait la psy...elle avait raison mais on est pas ds un environement ou c'est pas si simple de le démontrer!.

Merci pour vos réponses en totu cas. :nature_a_fleur:
Leucha (15 Mai 2012, 12:54)
Je ne me permettrai jamais de mettre en doute tes sentiments et ton expérience, c'est le terme précis "nostalgie" qui me surprend parce que je l'associe au regret d'avoir perdu des expériences passées.

Je sais maintenant (que j'ai vérifié sur un dictionnaire) que le terme peut aussi correspond à un passé qui n'a pas existé, auquel cas je vois mieux le spleen en question.
Mais ça me semble tout de même être au mieux le regret d'un passé plein d'illusions, sinon la recherche d'un soi disant idéal impossible à atteindre.

Merci de ta réponse.
Pierre (22 Mai 2012, 23:00)
Ce sentiment de "nostalgie", je le partage.

Moi aussi il m'arrive, à la vue de ces NTs si à l'aise entre eux, d'éprouver une forme particulière de tristesse teintée d'un peu d'envie, l'envie de ce que j'éprouverai si j'étais comme eux.

Je pense que le mot "nostalgie" exprime un sentiment un peu différent habituellement, celui d'une tristesse à propos d'une chose du passé qui a disparu, une tristesse teintée d'une joie, une joie contredite par l'impossible retour vers ce passé révolu. Mais ne jouons pas sur les mots, même si c'est agréable ;)

Je me console en me remémorant des soirées rares, des soirées sans fin que j'ai passé avec des amis. Chacun éprouvait à discuter un plaisir tel que le temps passait à toute allure et qu'on se retrouvait soudain à l'aube. Je me suis souvent demandé s'ils vivaient ça aussi en mon absence, je n'en suis pas sur. Les aspis ont leurs charmes !

Sur un autre sujet, la norme en matière de cholestérol. Une "méta"-étude parue l'année dernière a montré qu'en dépit de la baisse du niveau de cholestérol obtenue par les médicaments modernes (promus par les faiseurs de normes strictes), l'espérance de vie des malades n'avait pas augmentée d'un poil... Alors, les normes...
jvdoubov (23 Mai 2012, 0:29)
Ah Pierre ! Cette méta-étude sur le cholestérol m'intéresse beaucoup. Si tu peux me faire passer la référence, ce serait super sympa. Elle confirmerait mon impression. Maintenant l'interprétation est peut-être complexe. On a 1) des essais qui montrent une diminution de mortalité dans de petites populations ciblées (par exemple les gens qui ont déjà eu un infarctus du myocarde 2) des essais qui montrent une diminution de certaines maladies (dont une proportion variable peut déboucher sur un décès) 3) un élargissement invraisemblable des "seuils de traitement" dans les recommandations (sous l'influence des industriels) 4) une absence quasi totale de politique sanitaire de prévention des maladies cardiovasculaires (par une lutte adaptée contre le tabac, l'alcool, les pollutions diverses...) 5) une augmentation du nombre de maladies cardiaques, à la fois à cause des changements de mode de vie, des pollutions diverses, et du vieillissement de la population (pour faire un raccourci un peu facile, si on meurt moins de maladie infectieuse, on meurt plus tard, et on meurt plus souvent de maladie cardiovasculaire. Au total, je ne suis pas bien certain qu'on dispose des données nécessaires pour modéliser l'ensemble de ces données et en tirer des conclusions solides. Mais c'est très intéressant...

Après, on peut parler pendant des heures des normes en médecine. Parce que ce mot recouvre des choses extrêmement différentes, et pour bien raisonner, on est obligé d'aller rechercher à chaque fois que "quelle norme" ou de "quelle normalité" on parle.
Par exemple, on a la norme statistique : les 2,5 % en bas et en haut sont "anormaux". Mais pas forcément malades, évidemment !
On a la norme épidémiologique : pour un indicateur donné représenté par une variable continue (par exemple la glycémie), on recherche dans quelles populations il apparaît des "complications cliniques" (par exemple des infarctus du myocarde, des insuffisances rénales). Les bornes au-delà desquelles on observe ces complications sont alors les bornes de la normalité. Mais ce n'est pas parce qu'un risque est augmenté qu'une intervention correctrice ou thérapeutique est efficace, bien sûr.
Là, on a la norme thérapeutique, ou seuil d'intervention. C'est la valeur d'un indicateur représenté par une variable continue au-dessus ou au-dessous de laquelle on a statistiquement des chances de rendre service au patient si on lui propose un traitement.
Après on la des normes subjectives. Par exemple, autrefois, le diabète se définissait notamment par le goût sucré de l'urine (beurk !) Les normes subjectives concernent souvent des observations discrètes, non réductibles à des valeurs chiffrées. Par exemple "une pensée paranoïaque" est "anormale".
Ensuite on a des normes purement arbitraires. On est fondé à en utiliser dans un but de recherche, ou pour unifier le langage, lorsqu'on n'a pas mieux sous la main. Par exemple, certaines maladies sont définies par des listes de "critères majeurs" et de "critères mineurs", et il faut 4 critères majeurs (sur 6) plus au moins 2 critères mineurs pour définir la présence de la maladie (donc la situation "anormale")
Et il y a des définitions sociales de la normalité, bien sûr, qui jouent un rôle majeur. Par exemple, lorsque je faisais mes études, on disait que plus de 90% des ados avaient des boutons d'acné - ce qui était donc "normal". D'autant que ce n'est en général pas douloureux ni pénible, et que ça disparaît spontanément sans séquelle (bon, il y a quelques exceptions). A cette époque, se plaindre d'acné bénigne était un signe de fragilité psychologique anormale. De nos jours, je me demande parfois si ne pas s'en plaindre n'est pas souvent considéré comme un signe d'absence anormale de soin pour l'image de soi.
D'autres discussions sur la normalité tiennent aussi aux différences socio-géographiques et culturelles. Ou génétiques. Par exemple, certaines populations du moyen orient ont une pilosité féminine bien plus importante (et plus voyante) que les populations du nord de l'Europe. Si on leur applique les normes sociale européennes, on les définit presque toutes comme anormales, et on leur fait plein de tests inutiles à la recherche de maladies hormonales.
Jusqu'ici, tout serait simple, mais il faut en plus considérer la norme sociale comme variable et fluctuante, et sensible aux influences des industriels. Par exemple, de merveilleux psychiatres (à la solde des industriels, mais chuttt c'est un secret) ont assez récemment défini la timidité (pardon, la "phobie sociale") comme une maladie (alors que c'était une qualité sociale prisée au XIXe siècle), à traiter par médicament. De même, on a récemment inventé une nouvelle "anormalité", le "trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité" (si,si) qui toucherait "1 enfant par classe" (!!!) et imposerait un traitement par anxiolytique-antidépresseur. Un auteur critique commente "autrefois, on les appelait des garçons..."
Bon je m'arrête, parce que vous allez en avoir assez...
Je vous conseille très vivement les livres "Les inventeurs de maladies : Manoeuvres et manipulations de l'industrie pharmaceutique" et "Comment la psychiatrie et l'industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions".
Amicalement à tous (et désolé d'avoir été si bavard)
Jean
jvdoubov (23 Mai 2012, 0:52)
J'oubliais, pour les anglophones intéressés, un très grand bouquin d'anthropologie médicale (+/- étude des croyances concernant la santé et la maladie, et la manière dont elles interagissent avec la santé, la maladie et le comportement social - définition grossière, mais ça ira pour cette nuit !)
Helmann CG "Culture, Health and Illness" 5e éd. Hodder Arnold, Londres, 2007 : 501 pages.
42,21 euros sur l'Appel du Livre (ou les autres) - un peu moins cher d'occasion, si on est patient, sur Abebooks (mon préféré parce que c'est un réseau de libraires "normaux") ou Ebay ou PriceMinister
AMicalement
Jean